la schtouff en quelques mots
J’ai toujours pensé que le jour où je me réveillerais dans un lieu à la fois inconnu, étrange, voire surréaliste, c’est que je serais mort.
Ce jour là est arrivé.
Je suis mort, mais je n’ai pas peur. Lorsque je porte le regard autour de moi, je suis sûr… je suis au paradis.
D’ailleurs ces mondes, ces mappemondes me tombent du ciel comme une pluie d’étoiles le jour de la Sainte Clarisse, c’est le signe. L’Eden m’est ouvert. J’y suis venu avec la cabine du téléférique qui trône en façade.
Et ces portraits anciens qui ornent les murs. Tous ces ancêtres nous regardent d’un air mi-sérieux, mi-amusé. Comme s’ils faisaient partie de notre passé. Comme s’ils se réjouissaient de nous voir, de nous accueillir ici. Et c’est un peu comme si nous étions revenus chez nous, dans notre maison de famille.
Je me retourne vers la rue. Un rayon de soleil soudain miroite dans les plantes qui dévalent en cascade du plafond. La devanture se donne des allures de café de La Havane.
De vieux panneaux en émail rythment le mur de leurs inscriptions poétiques : « Rue des pommiers. Tienne des biches. » Derrière, le train électrique se met en branle. Il circule tout autour de la pièce, sur une piste de bois suspendue au plafond. Il traîne des wagons de marchandises, des wagons publicités, coca cola et je ne sais quoi. De temps en temps il se repose. Puis redémarre, au signe magique d’un chef de gare fantôme.
Je me sens bien ici. Il me semble que les choses ont une vie. Et les gens une sympathie généreuse. De tous milieux, de tous bords, de tous pays, le monde se retrouve ici, autour d’un café ou d’un thé gaumais.
La Schtouff est un bistro comme on n’en fait plus. L’âme du lieu nous ouvre les portes de l’imaginaire. L’imaginaire le plus pur. Le plus captivant. Celui que l’on invente en même temps que l’on se laisse envahir par la nostalgie.
Le paradis, je vous dis !
Philippe Marsigny